Les communes de l’intérieur abandonnées ?
L’insalubrité dans les communes de l’intérieur de la Côte d’Ivoire est un problème majeur qui affecte non seulement la qualité de vie des populations, mais aussi la santé publique et l’environnement. Malgré les efforts de l’Agence Nationale de Gestion des Déchets (ANAGED) à qui la mission de salubrité publique a été confiée depuis 2017.

Bien que l’insalubrité soit un défi dans les grandes villes comme Abidjan, elle est particulièrement aiguë dans les communes rurales et les zones périurbaines du pays, où les infrastructures de gestion des déchets sont souvent insuffisantes, et où la gestion des ordures ménagères est un enjeu complexe. Plusieurs facteurs contribuent à l’aggravation de cette situation. On peut citer : le manque d’infrastructures de gestion des déchets, l’absence de système de collecte bien structuré, la rareté de centres de tri et de traitement des ordures, les décharges sauvages, etc. Les maires sont pointés du doigt, essuyant les courroux de leurs administrés qui fustigent leur incapacité à gérer les ordures ménagères. Sauf que, à la vérité, les maires ne sont pas responsables de la salubrité de leurs communes. Cette compétence leur a été retirée depuis 2007, à travers le décret N° 2007-587 du 04 Octobre 2007 portant création de
l’Agence Nationale de Salubrité Urbaine (ANASUR) qui en 2018 deviendra l’Agence Nationale de Gestion des Déchets (ANAGED) , avec le décret N°2017-692 du 25 Octobre 2017. Ses missions sont claires et précises : assurer entre autres, la collecte, le transport, la valorisation, l’élimination des déchets et le contrôle du service public de propreté délégué aux collectivités. Les moyens ont été prévus également. Ainsi , les taxes d’enlèvement des ordures ménagères prélevées auprès de chaque abonné de la Compagnie Ivoirienne d’Electricité, sont reversées à l’Anaged , en dehors de certaines redevances collec-tées par les communes. Malgré cette importante ressource financière (plusieurs dizaines de milliards), l’impact de cette structure n’est pas toujours visibles sur le terrain. Les villes continuent de végéter dans une malpropreté notoire et les mairies, livrées à leur sort, doivent se démener au quotidien pour gérer cette épineuse question.
LA PRESSION DES DECHETS
Les déchets en Côte d’Ivoire, en particulier dans les zones urbaines et périurbaines, représentent un défi majeur pour les gouvernants. Le pays produit en moyenne 4500 tonnes de déchets par jour, dont 3000 tonnes pour la seule ville d’Abidjan. Ceci est la conséquence de la forte croissance démographique et de l’urbanisation rapide. Une politique structurée de création d’infrastructures de collecte et de traitement des déchets permettrait de juguler cette forte pression. Mieux, la valorisation de ces déchets devrait créer une chaine de valeurs pouvant transformer nos ordures en une véritable mine d’or. C’est à ces nobles objectifs qu’est appelée l’ANAGED. Hélas ! S’exclament plusieurs élus locaux qui, pour l’heure, ruminent leur colère.
Cette situation renforce le sentiment que les communes sont livrées à leur sort, dans la gestion d’une question aussi sensible que la salubrité .
L’ANAGED AU BANC DES ACCUSES
Des voix s’élèvent pour fustiger la gestion de l’Anaged. Parmi elles, ASSALE TIEMOKO, Député-maire de TIASSALE qui estime que cette structure fait preuve d’une inefficacité notoire, malgré les moyens importants dont elle dispose. Il dénonce ce qu’il appelle « l’injustice » caractérisée par l’inégale répartition des dotations en équipements faites aux communes par l’Anaged, dans le cadre de la gestion des déchets. L’élu qui n’est pas à sa première fronde par ailleurs, propose que les redevances d’enlèvement des ordures soient reversées purement et simplement aux communes afin qu’elles gèrent directement la salubrité dans leurs cités respectives. Ou alors, que la redevance soit collectée uniquement dans les communes où l’Anaged intervient effectivement.
